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XXXIV

— Veux-tu, Aristote, faire taire un instant ton orgueil de fourmi ? Je te dirai sur l’homme, sur ses véritables pauvretés et sur ses richesses insoupçonnées, des choses vraies et merveilleuses.

— Parle.

— En ce moment, cet être commet envers nous les mêmes injustices que tu commets envers lui. Lui aussi, il nous méprise…

— Le présomptueux imbécile !

— Ou plutôt, ce qui est plus injurieux, il admire celles de nos facultés qu’il possède aussi, s’étonne que nous, qui ne sommes pas des hommes, nous puissions montrer quelque lueur d’intelligence.

— Tu lui supposes une sottise bien excessive…

— Je le crois surtout aveuglé par un orgueil absurde, par le même orgueil qui t’empêche de bien voir.

Mais elle, dans un sursaut :

— Il n’y a pas d’orgueil à savoir que la fourmi est le seul être doué de raison.

— Regarde. La porte s’ouvre. Un autre homme entre. Ils font des gestes. Sûrement, ils parlent de nous. Et, en recueillant tes paroles, je crois savoir leurs paroles. L’observateur dit : « C’est étonnant comme ces petites bêtes sont intelligentes. Le