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et je n’ose penser avec précision ce qui me fait frissonner.

Je continue ma course, toujours dans le même sens. Me voici de nouveau au point déjà reconnu. Oui, le ruisseau est circulaire. Je grimpe sur le châssis, je me dresse sur les pattes postérieures et je constate d’un regard l’exactitude de l’horrible conclusion. Et, tandis que mon cerveau droit se désole, mon cerveau gauche s’amuse et me compare, le pédant ! aux hommes du temps d’Homère enfermés sur la terre par le cercle du fleuve Océan.

Aristote et Hannibal arrivent auprès de moi. Elles aussi viennet de comprendre. Elles regardent avec terreur ce que je regarde.

D’autres les suivent, puis d’autres et d’autres encore. Bientôt nous savons toutes qu’il n’y a aucun espoir d’échapper à la cruelle montagne qui marche sur deux pieds.