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que j’ai repris la forme humaine — une chaise et une table ronde. Sur la table, un meuble étrange : une boîte plate composée d’un châssis de bois que fermaient hermétiquement deux feuilles de verre.

L’homme s’assit. Il ouvrit le châssis, puis la prison où il nous avait mises d’abord, et qui était une grande éprouvette. Il nous fit tomber dans le châssis qu’il referma.

Inquiètes et curieuses, nous courions autour de notre prison nouvelle. Au milieu d’un côté, une petite ouverture me permit de sortir, et presque tout le monde me suivit. Nous nous trouvâmes sur le bois de la table.

Il y avait des vivres. On les dépassa sans y toucher. Curiosité et désir de liberté l’emportèrent sur la faim, qui pourtant commençait à être vive.

Le bord de la table n’était pas loin. Tout à l’heure, je passerais dessous, je fuirais le long du pied, je me cacherais dans quelque interstice du plancher ou dans un irou du mur. Justement l’homme venait de sortir. À son retour, je serais invisible.

Je rencontre, sur la table encore, un inexplicable fossé plein d’eau. Longtemps, je le longe… Mais, je ne me trompe pas, j’ai déjà passé ici. Me suis-je égarée et, sans m’en douter, suis-je revenue sur mes pas ? C’est bien invraisemblable, puisque je ne porte aucun fardeau. Mais alors… Je frisonne,