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II

Je sentis qu’il y aurait inconvenance à continuer mon examen silencieux. Et je dis, avec le sourire de quelqu’un qui daigne condescendre à une plaisanterie :

— Bonjour, mademoiselle la fée.

Elle souriait déjà et ses yeux brillaient comme brillent les yeux fous. Mon salut ajouta des rayons à son sourire, et son regard devint un feu de joie.

— Ah ! dit-elle, toi, au moins, tu n’est pas un négateur !

Je reculai d’un pas, je toisai l’impertinente personne et je fis remarquer, très digne :

— Mademoiselle, les receveurs de l’enregistrement n’ont pas l’habitude d’être tutoyés par…

J’eus un instant d’hésitation. Je pensais : « par les coureuses ». Mais une pitié me vint de sa folie trop évidente. Je me contins et j’achevais ma phrase de façon moins blessante, quoique très ferme encore :

— Les receveurs de l’enregistrement n’ont pas l’habitude d’être tutoyés par les premiers venus.