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rouler, parmi les meurtrissures, une larve impuissante et douloureuse.

Les bruits du matin se levaient. On sentit l’imprudence excessive de cette course à travers les hostilités éveillées. On campa comme on put, dans une clairière étroite, entourée d’herbes séchées sur pied. Au centre on disposa œufs, larves et nymphes, tout cet avenir, fardeau du présent. Les plus petites ouvrières restèrent auprès de ces futurs vivants dont la mort préventive est exigeante comme une vie d’infirme. Des soldats restèrent aussi, prêts à repousser les attaques. Un cordon de sentinelles surveilla tous les abords de la clairière. Le reste des fourmis parcourut, par bandes nombreuses, la forêt de hautes herbes, cherchant de quoi manger, cherchant de quoi rapporter à manger à celles qui restaient.

Quelques heures passèrent sans autre mal que l’attente de tous les maux. Peu à peu on reprenait confiance. Déjà même on se demandait si on n’allait pas,malgré l’inquiétant voisinage de deux nids, creuser en ce lieu la nouvelle cité.

Mais, tout à coup, des sentinelles accoururent, annonçant l’arrivée des amazones.

Alors les ouvrières reprirent leur charge et précipitèrent leur fuite au hasard. Se laissant entraîner à l’invitation de la pente, elles se hâtaient vers le loiintain vallon. Les soldats restèrent pour combattre.