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faux point d’honneur, j’acceptais sa proposition, je commettrais envers mon pays une trahison véritable, puisque je jouerais à égalité une victoire qui est certaine.

Je ne comprenais guère pourquoi il m’expliquait tout cela. Il reprit :

— Mais je ne veux pas la destruction de votre peuple. Nous sommes des aphœnogaster comme vous. Nous avons été chassées de notre ancienne patrie par des fourmis amazones, qui sont des êtres beaucoup plus forts, presque irrésistibles. Nous sommes venues pacifiquement nous établir la où nous avons trouvé de la place. C’est vous qui nous avez attaquées.

Je répliquai :

— Vous êtes venues vous installer insolemment sur notre territoire. Vous ne pouviez l’ignorer, puisque c’est au milieu même d’une route que vous avez creusé une cité hostile et dressé comme un défi et comme une menace votre cratère.

— Oui, dit-il. Mais toute la région est très occupée. Nous nous sommes arrêtées auprès d’une nation faible et de même race, espérant que sa faiblesse et notre parenté la rendrait tolérante.

— Les faibles doivent être les plus fiers et les plus intolérants revendicateurs de leurs droits. Que le fort supporte ce qu’il pourrait facilement empêcher, on lui en saura gré. Si le faible subit, on sent