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ment subtiles.disent la grossièreté des plaisirs charnels, la noblesse des platoniques amours. L’être ailé me répond, à demi envolé :

— Je ne comprend plus ce tu dis. Il ajoute :

— Ce n’est pas nous qui avons la folie des ailes. C’est vous qui êtes jalouses jusqu’à la folie parce que vous n’avez point d’ailes.

J’avoue :

— Oui, je suis jaloux. Et, malgré toi, je te garderai.

Je m’attache à elle. Je sens qu’elle me soulève, fardeau trop léger. Va-t-elle m’emporter dans le ciel, infernal pour moi, me faire assister, suspendu, aux baisers de son amant ? Suis-je destiné à mourir avec eux, partageant le désastre, sans avoir partagé la joie ?

Non, je ne veux pas. Pour la retenir, je brutalise celle que j’adore et que je hais. Mes pattes et mes mandibules serrent son dos, froissent ses ailes, la jettent sur le sol, la maintiennent immobile.

Aristote passe :

— Que fais-tu là ? demande le neutre génial. Quelle est cette nouvelle folie ?

Honteux, je lâche ma victime, la laisse se relever toute froissée. Mais je me sens heureux, car l’essaim est déjà loin. Je ne le vois qu’à peine ; je ne le vois plus. Les yeux de Marie, meilleurs