Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

XXIII

Le vol de troupeaux que j’ai raconté au chapitre XXI dut avoir lieu vers la fin de l’été. Je me rappelle que l’air était très chaud et qu’on commençait à faire éclore les mâles et les femelles.

Depuis le grand orage qui avait tué tant d’adultes et détruit tous les enfants, nous étions désolées de notre nombre et de notre puissance diminués. Nous avions pris tous les moyens possibles pour réparer promptement nos pertes. Nos trois femelles, gavées de nourritures excitantes, pondaient deux fois plus qu’à l’ordinaire. Au lieu de nous fier presque uniquement aux staphylins pour la lutte contre les fourmis-ogres, nous laissions continuellement autour de chaque salle d’œufs, de larves ou de nymphes, un cordon de sentinelles. Des rondes cherchaient les entrées des nids de solenopsis, les bouchaient et deux soldats restaient devant chaque ancien trou.

Grâce à ces mesures extraordinaires, les solenopsis avaient à peu près disparu, écrasés entre nos