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devaient communiquer ensemble par un large tunnel.

Aristote divisa toute notre armée en quatre corps de force inégale. Le premier, formé uniquement de soldats gigantesques, vint attaquer les ennemis qui étaient à droite de leur fourmilière, attira bientôt sur ce point tout l’effort de la défense.

Les lasius — c’est à cette espèce que devaient appartenir nos adversaires — sont des fourmis beaucoup plus faibles que les aphcenogasters. En outre, ils n’ont aucun talent militaire et leurs armées ignorent les mouvements d’ensemble. Mais la population de la fourmilière que nous attaquions était nombreuse extrêmement.

Ils se précipitèrent sur nos soldats, horde innombrable. Ils s’accrochaient aux pattes et paralysaient les mouvements. Pendant que dix ou douze garrottaient un de nos géants, un autre lasius le perçait de son aiguillon et l’injectait de son venin. Mais, presque toujours, nos pattes victorieuses faisaient rouler les assaillants meurtris et nos mandibules s’ouvraient et se fermaient, rapides, écrasant d’un geste automatiquement répété des têtes, des têtes, des têtes ! Nos faibles adversaires perdaient vingt fois plus de monde que nous.

Cependant une troupe de nos soldats entourait le pied de l’arbre. Un bataillon moins nombreux s’était introduit dans le tunnel et de plusieurs