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Nos six pattes se hâtaient toujours vers le même point. Le but invariable était le cratère, là-bas, qui disait le repos, la sécurité et les joies douces, le bon cratère dressé vers le ciel, architecture de terre et de souvenirs, et qui nous parlait comme le clocher du village parle à l’homme simple qui naît, a it et meurt dans la même chaumière.

Plus souvent encore, l’une de nous abordait une camarade de même taille, de force à peu près égale, et la défiait à la lutte. La provocatrice flattait de ses pattes la tête de l’amie provoquée et ses antennes dansaient rapides. Rarement on se parlait pour le défi. L’attitude, la caresse des pattes et la danse puérile des antennes suffisaient à dire notre désir.

Les antennes de la camarade répétaient la mimique joyeuse, comme les bras d’un lutteur, dans les politesses qui précèdent les efforts contraires, rendent le salut à l’adversaire.

Puis, promptes, les deux fourmis joyeuses se dressaient sur les pattes de derrière et elles se saisissaient avec les deux pattes antérieures, avec les mandibules aussi, mais avec des mandibules amies qui ne presseront pas, qui ne blesseront pas. et le combat pacifique commençait.

Se sentait-on faiblir, d’une rapide bousculade et d’un leste glissement on se dégageait. Mais on revenait, brusque, on tâchait de saisir l’adversaire d’une façon plus favorable. Parfois, de longues