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désordre innombrable, au pied et sur le tronc de l’arbre le plus voisin.

Là ce sont des plaintes, des lamentations lâches ; c’est la perte absolue de tout sang-froid, de tout pouvoir d’étudier la situation ; c’est la déroute de nos facultés de prévoir et de pourvoir.

— Tout est perdu ! tout est perdu ! répètent les antennes.

Et des musiques s’élèvent, d’une tristesse poignante.

N’est-ce point ici le commencement de la mort de tout un peuple ?…

Sous l’orage, notre arbre s’agite, menace de rompre. Il nous abrite du vent, mais la pluie déjà traverse son feuillage appauvri, tombe sur nous avec des feuilles, avec des ramilles, avec des branches.

Et voici la chute des énormes rochers ronds de la grêle.

Je demande à Aristote :

— Ne trouveras-tu aucun moyen de nous sauver ?

— Je cherche, répond ma géniale amie. J’implore, tremblante : v

— Tu ne désespères pas de trouver, n’est-ce pas ?

— Je ne désespère jamais… Elle ajoute :

— Tes paroles me gênent. Laisse-moi réfléchir. À grands pas songeurs, elle s’éloigne. Je la suis