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d’abord que par juxtaposition. Mais vienne une averse : elle les liera plus étroitement, égalisera, polira, vernira en quelque sorte la convexité de la voûte et l’extérieur des murailles. Les dernières rugosités de la maçonnerie disparaîtront. On ne verra plus qu’une couche de terre bien unie que consolidera la chaleur du soleil.

Parfois une pluie trop violente détruit les travaux commencés, emporte même des voûtes achevées mais qui n’ont pas eu le temps de sécher, et la besogne est à refaire. On la refait toujours. La fourmi est persévérante jusqu’à l’entêtement. Elle s’acharne non seulement à obtenir le résultat définitif, mais encore à le produire par le moyen primitivement choisi. Même quand les circonstances, d’abord favorables, tournaient complètement contre nous, je n’ai jamais vu abandonner l’entreprise d’une voûte pour creuser un tunnel. Nous recommencions dix fois, vingt fois le travail, dix fois, vingt fois détruit par les choses méchantes. Une colère obstinée nous soulevait, nous soutenait. Ce n’est pas nous qui céderions. Il faudrait bien que l’hostilité des choses finît par être vaincue…

Si les chemins voûtés sont assez rares, en revanche toutes les routes se bordent, de distance en distance, de légères constructions. Ce sont des abris préparés pour les ouvrières et les provisions qu’elles portent. Ces sortes d’hôtelleries ont beaucoup d’usages utiles. Quand on est fatiguée, on