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reparaissent. La largeur de la voie varie selon l’importance du champ où elle conduit et les difficultés du défrichement. Je connais d’étroits chemins de quatre centimètres et de magnifiques routes de vingt centimètres.

Dans les endroits dangereux, partout où des attaques de fourmis ennemies ou d’insectes carnassiers sont à craindre, le passage est protégé : le plus souvent le chemin se faufile entre deux remblais glissants et croulants, construits sur le même modèle que le cratère qui défend notre nid ; quelquefois il est couvert d’une voûte maçonnée ; parfois il s’enfonce, se transforme en galerie souterraine.

Voici comment on procède pour la construction des voûtes. On élève, aux deux bords de la route, deux murs parallèles. Dès que ces murs atteignent une hauteur suffisante, on incline vers l’intérieur les matériaux qu’on y ajoute. Le travail a lieu simultanément sur les deux murailles et en plusieurs points, chaque fourmi œuvrant librement, où il lui plaît, quand il lui plaît, comme il lui plaît.

L’œuvre avance inégalement, selon le nombre et l’ardeur des ouvrières qui s’emploient ici ou là. Bientôt en quelques endroits les deux côtés se rejoignent. Ces premières clefs de voûte forment des points d’appui pour l’adjonction de nouvelles parcelles de mortier.