Scène II
Blanche, se laissant retomber, accablée. — Ah ! je suis sûre que c’est elle… qui était là… C’est pour ça… que je ne peux pas dormir. Pourquoi l’a-t-on laissée entrer ?
Robert, lui mettant la main sur le front. — Calmez-vous. Le docteur vous a bien recommandé de ne pas vous agiter.
Blanche. — Oui… j’ai peur de mourir… Est-ce que je vais mourir ?
Robert, s’asseyant auprès d’elle. — Mais non. Le docteur vous trouve presque guérie. Seulement, il ne faut pas vous agiter.
Blanche. — Ah ! pas même le droit de se plaindre. Ah ! qu’on a de peine à vivre quand on rencontre des méchants.
Robert. — Mais vous pouvez vous plaindre, vous pouvez gémir, puisque cela vous soulage.
Blanche. — Vous, vous êtes bon. Qui êtes-vous ?… Il me semble que je vous connais.
Robert. — Non, vous ne me connaissez pas. Je suis quelqu’un qui aime les braves gens qui souffrent.
Blanche. — Ah ! j’ai toujours souffert.
Robert. — Oui, je le sais. Pauvre femme. Tout le monde souffre.
Blanche. — Pas autant que moi. Personne ne souffre autant que moi… Vous le savez bien, puisque je vous ai raconté mon histoire… C’est horrible, n’est-ce pas ?… Être torturée par celui qui devait vous protéger !
Robert. — Il souffre aussi. Il faut pardonner. On ne fait pas de mal à un autre sans se faire du mal à soi-même.
Blanche. — De quoi souffre-t-il, lui ? Que lui manque-t-il ? Qui lui a fait du mal ?… Non, voyez-vous, cette vie est mal faite. Il n’y a que les bons qui souffrent. Les méchants sont heureux.
Robert. — Il n’y a pas de méchants. Il y a des imprudents, des maladroits, des gens qui gâchent la vie des autres. Mais, en même