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ni surpris, ni diminué, ni même beaucoup augmenté notre horreur de la guerre.

Enrichis et affermis, nous sommes restés, pour l’essentiel, tellement les mêmes que si notre ami André Lorulot, beaucoup plus ordonné et beaucoup plus archiviste que moi, ne m’avait bienveillamment rappelé quelle conférence je prononçais devant vous pour fêter la naissance de l’Idée Libre, je risquais, en ce dixième anniversaire de la vaillante revue, de reprendre le même sujet sous le même titre, d’exposer à peu près dans le même ordre les mêmes pensées en les éclairant peut-être de quelques exemples récents.

Eh ! quoique averti, je ne suis nullement certain de ne pas suivre aujourd’hui un sentier que j’ai tracé, d’un premier passage, il y a dix ans.

Cette ancienne causerie s’appelait, paraît-il, « À la recherche du bonheur ». À étudier les diverses sortes d’individualisme ne vais-je pas en quelque manière dessiner sur la carte de la vie humaine les différentes routes qui conduisent au bonheur ? Peut-être, en plus d’un endroit, ma parole actuelle recouvrira exactement, répétera identiquement ma parole ancienne. Peut-être, dès le début, je m’arrête devant un obstacle qui, voici dix ans, dès le début m’arrêta. Je soupçonne que je vous parlais du bonheur sans avoir tenté de le définir ou sans y avoir réussi. Et voici que je vais classer les individualismes sans avoir essayé de définir ce que c’est qu’individualisme.

Car définir me semble proprement anti-individualiste. L’individualiste est un homme qui a le sentiment de la réalité de l’individu et de l’irréalité de tout ce qui n’est