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NOTES

Si dévote dévotion
Et si poignant compontion
Dedenz son cuer, que sanz séjor
Ses péchiez plore nuit et jour.

« Las ! fet-il, las ! que devendrai ?
Las ! quel conseil de moi prendrai ?
Las ! qu’ai pensé ! las ! qu’ai-je fet !
Las ! par moi seul ai plus mesfet
Que n’ot mefet ne mesferont
Tuit cil qui furent ne seront[1] !
Las ! forvoiez, las ! durféuz,
Las ! engingniez, las ! decéuz,
Las ! mal bailli, las ! redotez[2],
Las ! sor toz autres meschaianz,
Com fui vaincuz et recréanz !
Com je perdi sens et mémoire
Quant por un pou de vaine gloire,
Por covoitise et por jactance,
Guerpi ma foi et ma créance !
Las ! las ! las ! plus de .c. foiz !
Las ! las ! com doi estre destroiz,
Las ! las ! com doi angoisseux estre,
Quant je le poissent Roi célestre
Ai renoié por l’anemi !
Las ! bien me doi le cuer par mi
De fine angoisse et de duel fendre !
Las ! las ! bien me devroie pendre
Et estrangler à mes .ij. meins !
Las ! tant ai fet c’est or du meins.
Jamès nul jor de mon mesfet
N’aurai merci se Dieux ne l’ fet
Par la preère de sa mère,
Qui estoille est luisant et clère,
Qui touz les péchéors avoie
Par sa douçor et met en voie.
Ame chaitive, que feras ?
Or me di que tu respondras
Quant Dieu venra au jugement

  1. Ms. 6987. Var. Tuit cil qui en cest siècle sont.
  2. Le vers qui correspond à celui-ci pour la rime manque dans l’original.