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NOTES

Or ai tant fait par moi-méisme
Que chifre sui en angorisme[1].
Bien m’ont déable enpeschié
Quant je ne reçui l’éveschié.

Comme musars bien m’amusai
Quant je tel honor refusai.
Mieux veil m’âme soit essillée
El feu d’enfer et gresilée
Que je hauz hom ne soie encore.
Ahi ! maufez, car aqueur ore !
Et si me di en quel manière
A m’onor revenrai arrière.
Ahi ! maufez, car acourez !
S’à cest besoing me secorez,
Vostre hom et vostre sers serai
Et tous jors mès vos servirai.
Ne servirai mès en ma vie
Ne Dieu ne sa mère Marie :
Apertement puis bien véoir
De moi aidier n’ont nul pooir.

En la vile uns Juis avoit
Qui tant d’engin et d’art savoit,
D’entreget, d’anfantomerie,
De barat et d’enchanterie,
Que devant lui apertement
Faisoit venir à parlement[2]
Les anemis et les déables.
Cil Juis iert si decevables
Et tant savoit barat et guile

    Ainz que la mort, qui tout estrangle,
    Vous die eschec et mat en l’angle.
    (De l’Ermite qui se désespéra pour le larron qui ala en paradis avant que lui. Vers 43 du Nouveau Recueil de Fabliaux et Contes inédits, publié par Méon, tome II, page 203.)

  1. Ms. 7987. Var.
    Or ai tant fait par angorime
    Que cifre ai fait de moi-méisme.
  2. Ms. 7987. Var.
    De barat et d’encanterie,
    De trait et d’enfantomerie,
    Trestot à son commandement
    Faisoit venir apertement.