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SAINTE MARIE L’ÉGIPTIANNE.

Quant Marie ot parler de Dieu
Por qui ele vint en cel lieu,
En plorant vers le ciel tendi
Ses mains, et celui atendi ;
Mès un ruissel par maintes foiz
Avoit coru par les desroiz :
Si a départi l’un de l’autre.
Cèle qui n’ot lange ne fautre,
Ne linge n’autre couverture
N’osa pas monstrer sa figure,
Ainz li dist : « Père Zozimas,
Por qoi tant enchacié m’as ?
Une fame sui toute nue :
Ci a mult grant desconvenue.
Gète-moi aucun garnement[1].
Si me verras apertement,
Et lors m’orras à toi parler,
Que ne me vueil à toi celer. »
Quant Zozimas nommer s’oï,
Mult durement s’en esjoï[2],
Nequedent bien set et entent
Que c’est de Dieu omnipotent,
I. de ses garnemenz li done,
Et puis après l’en aresone[3],
Et quant Marie fu couverte :
Si a parlé à bouche ouverte :
« Sire, fet-ele, biaus amis,
Je voi bien que Diex vous a mis

  1. Ce vers est sauté au Ms. 7633.
  2. Ms. 7633. Var. Esbahi.
  3. Ms. 7633. Var. Si l’araisonne.