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DE CHARLOT LE JUIF.

Se Diex de ces biens me reparte,
N’est si grant cors qui ne départe :
La bonne gent c’est départie ;
Chascuns s’en va vers sa partie.
Li ménestreil trestuit huezei[1]
S’en vinrent droit à l’espouzei.
N’uns n’i fu de parleir laniers[2] :
« Doneiz-nos maîtres ou deniers,
Font-il, qu’il est drois et raisons ;
S’ira chascuns en sa maison. »

Que vos iroie-je dizant,
Ne me paroles esloignant ?
Chascun ot maître, nès Challoz[3]
Qui n’estoit pas mult biauz valloz.
Challoz ot à maître celui
Qui li lièvres fist teil anui.
Ces lettres li furent escrites,
Bien saellées et bien dites ;
Ne cuidiez pas que je vos boiz.
Challoz en est venuz au bois,
A Guillaume ces lettres baille ;
Guillaume les resut cens faille,
Guillaumes les commance à lire,
Guillaumes li a pris à dire :
« Challot, Charlot, biauz dolz amis,
Vos estes ci à moi tramis
Des noces mon couzin germain ;

  1. Trestuit huezei, tout bottés.
  2. Laniers, lent, paresseux. C’est dans ce sens qu’on disait : un Faucon lanier.
  3. Voyez ce que je dis page 215, note 3, de ce Charlot.