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ou selon les moments pour une même personne. La seule chose constante (tant que le nom est correctement utilisé) est l’objet auquel le nom s’applique. Mais tant que celui-ci reste constant, la description particulière qu’il implique ne fait généralement aucune différence pour la vérité ou la fausseté de la proposition dans laquelle le nom apparaît.

Prenons quelques exemples. Supposons qu’une déclaration soit faite au sujet de Bismarck. En supposant qu’il existe une certaine accointance directe avec soi-même, Bismarck lui-même pourrait avoir utilisé son nom pour désigner la personne particulière qu’il connaissait. Dans ce cas, s’il portait un jugement sur lui-même, il pourrait être lui-même un élément constitutif du jugement. Le nom propre a ici l’usage direct qu’il souhaite toujours avoir, comme désignant simplement un certain objet, et non pas une description de l’objet. Mais si une personne qui a connu Bismarck a porté un jugement sur lui, le cas est différent. Ce que cette personne connaissait, c’était certaines données sensorielles qu’elle reliait (à juste titre, nous le supposerons) au corps de Bismarck. Le corps de Bismarck, en tant qu’objet