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38 THE PROBLEMS OF PHILOSOPHY

Nous n’aurions jamais été amenés à remettre en question cette croyance si ce n’est que, dans le cas de la vue en tout cas, il semble que la donnée sensorielle elle-même soit instinctivement considérée comme l’objet indépendant, alors que l’argumentation montre que l’objet ne peut pas être identique à la donnée sensorielle. Cette découverte, qui n’est pas du tout paradoxale dans le cas du goût, de l’odorat et du son, et qui ne l’est que légèrement dans le cas du toucher, laisse intacte notre croyance instinctive qu’il existe des objets correspondant à nos données sensorielles. Comme cette croyance n’entraîne aucune difficulté, mais tend au contraire à simplifier et à systématiser le récit de nos expériences, il ne semble pas y avoir de raison valable de la rejeter. Nous pouvons donc admettre, bien qu’avec un léger doute dérivé des rêves, que le monde extérieur existe réellement et que son existence ne dépend pas entièrement du fait que nous continuons à le percevoir.

L’argument qui nous a conduit à cette conclusion est sans doute moins fort que nous ne le souhaiterions, mais il est typique de beaucoup d’arguments philosophiques, et il vaut donc la peine de