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d’être développée. L’Idée Absolue est donc adéquate pour décrire la Réalité Absolue ; mais toutes les idées inférieures ne décrivent la réalité que telle qu’elle apparaît à une vue partielle, et non telle qu’elle est à celui qui embrasse simultanément le Tout. Hegel arrive ainsi à la conclusion que la Réalité Absolue forme un seul système harmonieux, ni dans l’espace ni dans le temps, en aucun cas mauvais, entièrement rationnel et entièrement spirituel. Toute apparence contraire, dans le monde que nous connaissons, peut être prouvée logiquement — c’est ce qu’il croit — comme étant entièrement due à notre vision fragmentaire de l’univers. Si nous voyions l’univers dans son ensemble, comme nous pouvons supposer que Dieu le voit, l’espace et le temps, la matière et le mal, ainsi que tous les efforts et toutes les luttes disparaîtraient, et nous verrions à la place une unité spirituelle éternelle, parfaite et immuable.

Dans cette conception, il y a indéniablement quelque chose de sublime : quelque chose à quoi nous pourrions souhaiter donner notre assentiment. Néanmoins, lorsque l’on examine attentivement les arguments qui la soutiennent, il apparaît qu’ils impliquent beaucoup de confusion et de suppositions injustifiées. Le principe fondamental sur lequel repose le système