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du moins dans ses grandes lignes. Chaque morceau apparemment séparé de la réalité a, pour ainsi dire, des crochets qui l’accrochent au morceau suivant ; le morceau suivant, à son tour, a de nouveaux crochets, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’univers entier soit reconstruit. Cette incomplétude essentielle apparaît, selon Hegel, aussi bien dans le monde de la pensée que dans le monde des choses. Dans le monde de la pensée, si nous prenons une idée abstraite ou incomplète, nous constatons, à l’examen, que si nous oublions son incomplétude, nous nous engageons dans des contradictions ; ces contradictions transforment l’idée en question en son contraire, ou antithèse ; et pour y échapper, nous devons trouver une nouvelle idée, moins incomplète, qui soit la synthèse de notre idée première et de son antithèse.

Cette nouvelle idée, bien que moins incomplète que l’idée de départ, se trouvera néanmoins ne pas être encore tout à fait complète, mais passera dans son antithèse, avec laquelle elle devra être combinée dans une nouvelle synthèse. C’est ainsi que Hegel progresse jusqu’à l’« Idée absolue » qui, selon lui, n’est pas incomplète, n’a pas d’opposé et n’a pas besoin