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je peux devenir certain par la pensée et en évoquant les circonstances, et d’autres encore dont je ne suis absolument pas certain. Je suis tout à fait certain d’avoir pris mon petit-déjeuner ce matin, mais si j’étais aussi indifférent à mon petit-déjeuner qu’un philosophe devrait l’être, j’aurais des doutes. Quant à la conversation du petit-déjeuner, je peux m’en rappeler certaines facilement, d’autres avec un effort, d’autres encore avec une grande part de doute, et d’autres pas du tout. Il y a donc une gradation continue dans le degré d’évidence de ce dont je me souviens, et une gradation correspondante dans la fiabilité de ma mémoire.

Ainsi, la première réponse à la difficulté de la mémoire fallacieuse est de dire que la mémoire a des degrés d’évidence, et que ceux-ci correspondent aux degrés de sa fiabilité, atteignant une limite d’évidence parfaite et de fiabilité parfaite dans notre mémoire des événements qui sont récents et vifs.

Il semblerait cependant qu’il existe des cas de croyance très ferme en un souvenir totalement faux. Il est probable que, dans ces cas, ce dont on se souvient vraiment, au