Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

jugements qui les expriment « jugements de perception ». Mais ici, il faut faire preuve d’une certaine prudence pour déterminer la nature précise des vérités qui vont de soi. Les données sensorielles proprement dites ne sont ni vraies ni fausses. Une tache de couleur particulière que je vois, par exemple, existe simplement : ce n’est pas le genre de chose qui est vraie ou fausse. Il est vrai que cette tache existe, vrai qu’elle a une certaine forme et un certain degré de luminosité, vrai qu’elle est entourée de certaines autres couleurs. Mais la tache elle-même, comme tout ce qui se trouve dans le monde des sens, est d’une nature radicalement différente des choses qui sont vraies ou fausses, et ne peut donc pas être considérée comme vraie. Ainsi, quelles que soient les vérités évidentes que l’on peut tirer de nos sens, elles doivent être différentes des données sensorielles à partir desquelles elles sont obtenues.

Il semblerait qu’il existe deux types de vérités évidentes de la perception, même si, en dernière analyse, ces deux types peuvent se rejoindre. Tout d’abord, il y a le type de vérité qui affirme simplement l’existence de la