être, l’homme pratique et le philosophe veulent savoir ce qu’elles sont ; mais le désir du philosophe de savoir est plus fort que celui de l’homme pratique, et il est davantage troublé par la connaissance des difficultés qu’il y a à répondre à la question.
Revenons à notre table. Il est évident, d’après ce que nous avons découvert, qu’il n’y a pas de couleur qui semble être de façon prééminente la couleur de la table, ou même d’une partie particulière de la table — elle paraît être de différentes couleurs de différents points de vue, et il n’y a aucune raison de considérer certaines d’entre elles comme étant plus réellement sa couleur que d’autres. Et nous savons que, même d’un point de vue donné, la couleur semblera différente à la lumière artificielle, à un daltonien, ou à un homme portant des lunettes bleues, tandis que dans l’obscurité il n’y aura pas de couleur du tout, bien qu’au toucher et à l’ouïe la table restera inchangée. La couleur n’est donc pas quelque chose d’inhérent à la table, mais quelque chose qui dépend de la table, du spectateur et de la façon dont la lumière tombe sur la table. Quand, dans la vie courante, nous parlons de la couleur