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identique à tout ce qui est juste : c’est quelque chose d’autre que les choses particulières, dont les choses particulières font partie. N’étant pas particulière, elle ne peut elle-même exister dans le monde des sens. De plus, elle n’est pas fugace ou changeante comme les choses des sens : elle est éternellement elle-même, immuable et indestructible.

Platon est ainsi conduit à un monde suprasensible, plus réel que le monde commun des sens, le monde immuable des idées, qui seul donne au monde des sens le pâle reflet de réalité qui peut lui appartenir. Le monde vraiment réel, pour Platon, c’est le monde des idées ; car, quoi que nous essayions de dire des choses dans le monde sensible, nous ne pouvons réussir qu’à dire qu’elles participent de telles ou telles idées, qui, par conséquent, constituent tout leur caractère. Il est donc facile de passer au mysticisme. Nous pouvons espérer, dans une illumination mystique, voir les idées comme nous voyons les objets des sens ; et nous pouvons imaginer que les idées existent dans le ciel. Ces développements mystiques sont très naturels, mais la base de la théorie est logique, et c’est en tant que base logique que nous devons la considérer.