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doivent toujours être conformes à la logique et à l’arithmétique. Dire que nous contribuons à la logique et à l’arithmétique n’explique pas cela. Notre nature est autant un fait du monde existant que n’importe quoi d’autre, et il n’y a aucune certitude qu’elle restera constante. Il se peut, si Kant a raison, que demain notre nature change au point que deux et deux deviennent cinq. Cette éventualité ne semble pas lui être venue à l’esprit, et pourtant elle détruit complètement la certitude et l’universalité qu’il tient à défendre pour les propositions arithmétiques. Il est vrai que cette possibilité, formellement, est incompatible avec le point de vue kantien selon lequel le temps lui-même est une forme imposée par le sujet aux phénomènes, de sorte que notre Moi réel n’est pas dans le temps et n’a pas de demain. Mais il devra toujours supposer que l’ordre temporel des phénomènes est déterminé par les caractéristiques de ce qui est derrière les phénomènes, et cela suffit pour la substance de notre argument.

De plus, la réflexion semble montrer clairement que, s’il y a une vérité dans nos croyances arithmétiques, elles doivent s’appliquer aux choses de la même manière,