Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’attendent à être nourris lorsqu’ils voient la personne qui les nourrit habituellement. Nous savons que toutes ces attentes d’uniformité plutôt rudimentaires sont susceptibles d’être trompeuses. L’homme qui a nourri le poulet tous les jours pendant toute sa vie finit par lui tordre le cou, montrant ainsi que des vues plus raffinées sur l’uniformité de la nature auraient été utiles au poulet.

Mais malgré le caractère trompeur de ces attentes, elles existent néanmoins. Le simple fait qu’une chose se soit produite un certain nombre de fois amène les animaux et les hommes à s’attendre à ce qu’elle se reproduise. Ainsi, notre instinct nous pousse certainement à croire que le Soleil se lèvera demain, mais nous ne sommes peut-être pas mieux placés que le poulet à qui l’on tord le cou à l’improviste. Nous devons donc distinguer le fait que les uniformités passées causent des attentes quant à l’avenir, de la question de savoir s’il existe un motif raisonnable d’accorder du poids à ces attentes une fois que la question de leur validité a été soulevée.

Le problème que nous devons discuter est de savoir s’il y a une raison de croire en ce que