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l’histoire ancienne de cette planète. Outre cette objection à l’évolutionnisme, qui est d’ordre scientifique, il y en a une autre qui provoque l’intervention illégitime de notions morales dans cette même idée de progrès qui fait le charme de l’évolutionnisme. La vie organique, nous dit-on, s’est développée graduellement du protozoaire au philosophe, et ce développement, on nous l’assure, est un progrès. Malheureusement, c’est le philosophe et non le protozoaire qui nous en assure, et rien ne nous dit que l’observateur impartial corroborerait l’opinion satisfaite du philosophe. Ce point a été illustré par le philosophe Chuang-Tzu, dans cette anecdote pleine d’enseignement :
« Le Grand Augure, dans ses vêtements de cérémonie, s’approcha des tables propitiatoires,et parla ainsi aux pourceaux : « Pourquoi reculez-vous devant la mort ? Je vous gaverai pendant trois mois. Je ferai pénitence pendant dix jours, et je jeûnerai pendant trois jours. Je disposerai de l’herbe fine et je poserai votre dépouille sur un plat à offrandes tout ciselé. N’êtes-vous pas satisfait ?
Ensuite, se plaçant au point de vue des pourceaux, il reprit : « Il vaut peut-être mieux, après tout, vivre de son et échapper au sacrifice... » « Mais, d’autre part, ajouta-t-il, en se plaçant à son propre point de vue, être comblé d’honneur pendant sa vie vaut bien qu’on meure sur un bouclier de guerre ou dans le panier d’un bourreau. »
