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croit d’ordinaire aujourd’hui, varie selon la vitesse et, en réalité, est une quantité vectorielle qui, à un moment donné, est différente dans des directions différentes. Les conclusions de détail déduites du prétendu principe de la conservation de la masse, pour être appliquées aux mouvements que l’on étudiait en physique, demeureront presque exactes, et ainsi, dans le champ des anciennes recherches, les anciens résultats ne seront que légèrement modifiés. Mais, sitôt que l’on érige en loi universelle a priori un principe comme celui de la conservation de la masse ou de l’énergie, l’écart le plus léger de l’exactitude absolue lui est fatal, et tout le système philosophique basé dessus est nécessairement déduit. Le philosophe prudent, quelque profit qu’il puisse tirer de l’étude des méthodes de la physique, prendra donc bien soin de ne rien fonder sur ce qui, à ce moment, se trouve être les résultats les plus généraux qui semblent obtenus par ces mêmes méthodes.

II) La philosophie de l’évolution, qui devrait nous fournir notre second exemple, illustre la même tendance à généraliser hâtivement, qui se mêle à des préoccupations morales parfaitement illégitimes. Il y a deux espèces de philosophie de l’évolution : la plus ancienne et la moins radicale étant représentée par Hégel et par Spencer, tandis que le Pragmatisme et