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pour que nous soyons capables de la découvrir. Mais aussi, c’est cette simplicité des lois de la nature que nous connaissons aujourd’hui, qu’il y aurait erreur à généraliser, car il est clair que leur simplicité a été, en partie, la cause de leur découverte, et qu’elle ne peut, en conséquence, offrir aucun argument en faveur de la simplicité des autres lois encore inconnues.

Les illusions qu’ont fait naître ces deux espèces d’unité nous apprennent en philosophie à n’user qu’avec prudence des résultats généraux que l’on prête à la science. En premier lieu, quand on généralise ces résultats au delà de l’expérience du passé, il convient d’examiner très soigneusement s’il n’y a pas quelque raison qui fait que ces résultats ne valent que pour tout ce qui a été connu par l’expérience, et non pour l’universalité des choses. La totalité de ce que l’humanité connaît par expérience est un extrait de la totalité de ce qui existe, et les caractéristiques générales de cet extrait peuvent tenir au mode de sélection plutôt qu’aux caractéristiques générales de l’ensemble dont l’expérience a fait un extrait. En deuxième lieu, les résultats de la science sont d’autant moins certains, et d’autant plus susceptibles d’être renversés par des recherches nouvelles, qu’ils sont plus généraux. Lorsque l’on se sert de ces résultats pour y