Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment que les nouvelles recherches sont horriblement difficiles, abstruses et obscures ; et il faut avouer que leur instigateur, comme il arrive si souvent, s’est à peine dégagé lui-même des ténèbres qu’a dissipées le flambeau de son intelligence. Mais la nouvelle théorie de l’infini a facilité, par elle-même, la maîtrise des mathématiques supérieures ; jusqu’à présent, il fallait, par une longue formation à la sophistique, apprendre à admettre des arguments que, dès l’abord, on juge avec raison confus et erronés. Loin d’éveiller une indomptable croyance en la raison, de susciter une fière exclusion de tout ce qui ne souscrit pas aux nécessités absolues de la logique, une éducation mathématique, pendant les deux derniers siècles, tendait à faire croire que beaucoup de choses, qu’une investigation sérieuse aurait fait rejeter parce qu’elles sont fallacieuses, doivent être admises parce qu’elles servent dans ce que les mathématiciens appellent la pratique. C’est ainsi que s’est élevé un esprit de timidité et de compromis, ou, ailleurs, une croyance sacerdotale en des mystères inintelligibles aux profanes, là où la raison seule aurait dû gouverner. Il est temps d’en finir avec tout cela : que ceux qui désirent pénétrer les arcanes des mathématiques apprennent à la fois la véritable théorie dans toute sa pureté logique et dans l’ordre qui découle de l’essence même des entités dont il y est question.