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des problèmes qui, à mon avis, constituent la véritable philosophie.

L’intérêt primordial de l’évolutionisme est dans le problème de la destinée humaine, ou du moins, du sens de la Vie. Il intéresse plus la moralité et le bonheur que la connaissance en elle-même. Il faut reconnaître qu’on peut en dire autant de bien d’autres philosophies, et qu’on rencontre rarement le goût des connaissances propres à la philosophie. Mais, si c’est la vérité qui est le but de la philosophie, il est nécessaire, avant tout, que les philosophes acquièrent cette curiosité intellectuelle et désintéressée qui caractérise le véritable homme de science. La connaissance de l’avenir — qui est de l’ordre des connaissances qu’il faut acquérir avant de rien connaître aux destinées humaines — est possible dans de certaines limites. Il est impossible de dire dans quelle mesure les progrès de la science pourront reculer celles-ci. Mais ce qui est évident, c’est que toute proposition ayant trait à l’avenir appartient par son contenu (subject-matter) à une science particulière, et doit être démontrée par la méthode de cette science. La philosophie n’est pas un chemin de traverse qui conduit à des résultats de même nature que ceux des autres sciences : pour être une véritable étude, elle doit avoir un domaine à elle et viser à des résultats que les autres sciences ne peuvent ni confirmer ni infirmer.