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s’adresse moins aux espérances de ce monde et exige une discipline plus forte, pour être susceptible de quelque succès.

L’Origine des espèces de Darwin persuada le monde que la différence entre les diverses espèces animales et végétales n’est pas une différence immuablement fixée, comme on le croit. La théorie des espèces naturelles, qui avait rendu la classification facile et claire, qui s’encadrait dans la tradition d’Aristote et se trouvait protégée par le prétendu appui qu’elle fournissait au dogme de l’orthodoxie, fut, soudain, à jamais bannie du monde de la biologie. La différence entre l’homme et les animaux inférieurs, que notre vanité humaine se plaît à croire considérable, fut considérée comme un développement continu impliquant l’existence d’êtres intermédiaires que l’on ne saurait ranger d’une façon définitive, ni au dedans ni au dehors du genre humain. Laplace avait déjà montré que le soleil et les planètes proviennent très probablement d’une nébuleuse primitive plus ou moins différenciée. C’est ainsi que les vieilles lignes de démarcation devinrent confuses et imprécises, et les divisions nettes furent effacées. Les choses et les êtres n’eurent plus de frontières, et on ne pouvait dire, ni où ils commençaient ni où ils finissaient.

Mais, si l’orgueil de l’homme fut ébranlé un instant par sa parenté avec le singe, il trouva