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rement désintéressée et pure, elle est dictée par une haine particulière du monde quotidien auquel elle doit s’appliquer. Une attitude de ce genre ne donne évidemment pas les meilleurs résultats. Chacun sait que ce n’est pas le moyen de comprendre un auteur que de le lire uniquement pour le réfuter ; et lire dans le livre de la nature avec la certitude que tout y est illusion ne semble pas devoir le faire mieux comprendre. Si notre logique doit trouver intelligible le monde ordinaire, elle ne doit pas lui être hostile, mais être pleine d’une véritable soumission, de celles qu’on rencontre rarement chez les métaphysiciens.


III. — Le Temps.

L’irréalité du temps est une des thèses essentielles de nombreux systèmes métaphysiques, fondée, souvent nominalement, comme déjà chez Parménide, sur des arguments logiques, mais issue, à l’origine, de la certitude qui naît dans les moments d’intuition mystique. Comme dit un poète persan soufi :

« 
Le passé et l’avenir sont ce qui dérobe Dieu à nos regards.

Consume-les tous deux par le feu ! Combien de temps encore