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rendre, par l’intermédiaire imparfait du langage, la connaissance acquise par intuition, et en la condamnation, qu’il en tire, de toute prétendue connaissance due à la science et au sens commun.

Cette méthode, du fait qu’elle prend parti dans un conflit de croyances instinctives, trouvera à se justifier en démontrant que les croyances qu’elle défend ont plus de fondement que les autres. C’est ce que Bergson prétend faire, d’abord, en expliquant que l’intelligence est une faculté purement pratique, servant à des fins biologiques ; ensuite, en citant les exemples remarquables de l’instinct chez les animaux, et en insistant sur certaines données du monde, que l’intuition seule peut saisir et qui déroutent toute interprétation de l’intelligence.

De la théorie bergsonienne de l’intelligence, faculté purement pratique développée dans la lutte pour la vie, et non source de croyances vraies, on peut dire, d’abord, que ce n’est que par l’intelligence que nous connaissons la lutte pour la vie et les origines biologiques de l’homme : si l’intelligence nous trompe, on ne pourra plus croire à cette évolution qui n’est connue que par inférence. Si, d’un autre côté, nous sommes d’accord avec lui pour penser que l’évolution s’est faite comme le croyait Darwin, alors, il n’y a pas que notre intelligence, mais aussi toutes nos autres facultés