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térium qu’on pouvait appliquer aux qualités de chaque détail de la vie, et ce critérium, avec une certaine malice gracieuse, hospitalière, spirituelle, impitoyable, il commença de l’appliquer à une chose, à une personne et à une autre, aux toilettes, aux aliments, aux livres.... »

Ce grand charmeur a déjà ses légendes. On dit qu’un jour, étant entré par hasard chez un joaillier, à Londres, il fut reconnu et qu’on étala devant lui toutes les pierres précieuses en le priant d’en révéler les mystères. Alors debout, au milieu des acheteuses attentives, l’auteur de Deucalion parla. Il parla avec la science du nain qui ravit l’or du Rhin, mais avec le charme des ondines qui le gardaient. Il dit et le secret du rubis — en héraldique gueules — qui est la rose persane, couleur d’amour, de joie et de vie sur la terre, la fleur dont le bouton servit de modèle à l’alabastre de parfum versé par Madeleine aux pieds du Sauveur ; et le secret du saphir — en héraldique azur — qui est le type de l’amour et de la joie dans le ciel, pierre semblable au rubis, mais d’une autre couleur : « sous ses pieds était une plinthe de saphir », dit l’Écriture ; et le secret de la perle, qui est la soumission de la lumière, symbole de la patience, couleur de la colombe qui apporte la nouvelle que les eaux sont soumises — la Marguerite, en héral-