Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et en éveil, qui a une manière confortable de venir à vous avec ses mains dans ses poches et de vous mettre à votre aise, en répondant à vos remarques : « Oui, les œuvres en prose de John sont assez bonnes ». Sa mère est une vieille dame de soixante-quinze ans, haute en couleur, digne et fort richement vêtue, qui connaît Chamonix mieux que Camberwell, évidemment une bonne vieille dame. Elle malmène « John » et soutient ses propres opinions, le contredit ouvertement ; et il reçoit tout cela avec un respect doux et une gentillesse qui font plaisir à constater. — Je voudrais pouvoir vous reproduire une bonne impression de « John » et vous donner l’idée de sa parfaite douceur et modestie. Certainement il s’emporte parfois en faisant une remarque, et en vous contredisant, mais seulement parce qu’il croit que c’est la vérité, sans aucun air de dogmatisme ou de vanité. Il est différent at home de ce qu’il est dans une conférence, devant un public mélangé, et il y a une spirituelle douceur dans l’expression à demi timide de ses yeux ; et en vous saluant comme en buvant avec un (si j’ai bien entendu) : « À votre santé ! » il avait un regard qui m’a suivi,… un regard comme mouillé de larmes… »

Mais, dans une conférence, en public, il ne charme pas moins ses auditeurs par cette espèce