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et nourricières. Encore faut-il noter que le maître ne se ménage pas plus lui-même qu’il ne ménage les autres. Bien souvent, dans les Præterita il parle des « folies et des absurdités » de sa jeunesse ; il raille le style pompeux des Modern Painters et du temps où s’il avait à dire à quelqu’un que sa maison brûlait, il n’eût jamais dit : « Monsieur, votre maison brûle » , mais : « Monsieur, la demeure dans laquelle je présume que vous avez passé les plus belles années de votre vie est consumée par les flammes... » Il réimprime hardiment ses textes défectueux, tout en confessant ses erreurs, et ayant parlé de M. Gladstone avec le sans-gêne que l’on sait, sans bien le connaître, il efface d’une édition suivante les phrases violentes, mais laisse un espace blanc, en souvenir du jugement injuste, dit-il, qu’il a porté. Il se rend justice et aussi à la vanité de la littérature. En 1870, lorsque ses amis l’adjurent d’écrire au roi de Prusse pour détourner les canons allemands des cathédrales gothiques de France, qu’il admire par-dessus toutes, il s’y refuse, appelant ses amis de « vains amis qui s’imaginent qu’un écrivain a quelque pouvoir d’intercession » auprès du souverain peu sentimental de la Germanie. Toutefois, il souscrit largement pour le fonds des subsistances pour Paris, avec l’archevêque Man-