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veau, et j’espère quelque édification. Dans tous les cas, elle m’a fait sentir combien j’étais ignorante auparavant du sujet qu’elle traite. Jusque-là, je n’avais eu qu’un instinct pour me guider dans l’appréciation des œuvres d’art, je sens maintenant comme si j’avais marché à l’aveuglette. Ce livre semble me donner de nouveaux yeux… » Ce n’est pas miss Brontë seule qui pourrait signer cette lettre. Ce sont tous les Anglais pour qui, depuis quarante ans, a thing of beauty is a joy for ever.

À la vérité, cette beauté, il ne l’a pas restituée dans la vie nationale comme il l’aurait voulu ; mais pour avoir visé trop haut, il n’en a pas moins atteint certains buts. Ainsi, en 1854, il écrivit une vigoureuse diatribe contre le Palais de Cristal, « cette serre à concombres ornée de deux cheminées », et blâmant les dépenses qu’on faisait pour la nouvelle architecture de verre et de fer, il suggéra l’idée d’une société pour la préservation de vieux monuments de pierre. On ne détruisit pas le Palais de Cristal, mais on fonda la société qu’il avait demandée. De même, si l’on n’a pas coupé les rails des chemins de fer ni remisé les locomotives, on a compris, en Angleterre, qu’un paysage pouvait être un élément de joie pour les yeux, et une oasis pittoresque, une source de richesse, et il y a