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pour aller travailler dans les mines. Les jeunes filles n’apprennent plus à filer. Pourtant les moutons noirs de l’île donnent toujours leur laine et l’on demande de tous côtés le tissu résistant du homespun, Ruskin se met en campagne, trouve des capitaux, bâtit un moulin, à Laxey, et avec son lieutenant, M. Rydings, y organise des machines nécessaires pour carder la laine et blanchir le drap. Machines, disons-nous, mais machines animées par une force directe de la nature, non par une force artificielle, machines où le moteur est esthétique et immortalisé par Claude Lorrain dans son Molino. « Car la machine n’est proscrite de la Guild que là où elle remplace soit un exercice corporel qui est sain, soit l’art et la précision de la main qui sont nécessaires dans une œuvre décorative. Le seul moteur permis est une force naturelle, le vent ou l’eau (l’électricité peut-être dans l’avenir pourra être tolérée), mais la vapeur est absolument proscrite, comme étant un immense et furieux gaspillage de combustibles pour faire ce que chaque fleuve ou chaque brise fait sans dépense. » Et puisqu’on n’a plus de monnaies esthétiques, comme le beau florin de Florence, on n’usera point de monnaie. Les fermiers apporteront leur laine qui sera emmagasinée dans le moulin et ils s’en retourneront payés soit en drap, soit en fil