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apprendront aux ruskiniens à blanchir la toile qu’ils auront préparée. Peut-être cette toile est-elle un peu rugueuse. Mais on s’en console en ouvrant le volume des Sept Lampes de l’Architecture et en y lisant ces mots : « Il est possible pour des hommes de se transformer en machines et de ravaler leur travail au niveau de celui d’une machine, mais tant qu’ils travaillent comme des hommes mettant leur cœur à ce qu’ils font et le faisant de leur mieux, peu importe qu’ils soient de mauvais ouvriers : il y aura cela dans la facture, qui est au-dessus de tout prix : on verra clairement qu’il y a des endroits où l’on s’est complu davantage que dans d’autres, qu’on s’y est arrêté et qu’on en a pris soin, que là se trouvent des morceaux sans soin et hâtés,... mais l’effet du tout comparé au même objet fait par une machine ou une main mécanique sera celui de la poésie bien lue et profondément sentie aux mêmes vers récités par un perroquet. » Bientôt, en effet, cette toile, fabriquée d’abord à Langdale, ensuite à Keswick, fait vivre les vieilles femmes et les robustes ouvriers du village. La mode s’en mêle et l’on entend dire que, dans les corbeilles de mariage, on aperçoit quelquefois du Ruskin linen.

Une autre voix s’élève de l’île de Man. Elle dit que le filage de la laine va toujours diminuant. Les femmes quittent donc leurs rouets et leurs cottages