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de jeunes femmes profitent chaque jour de renseignement ruskinien. Les matériaux, admirablement classés pour l’éducation de l’œil et de la pensée, les dessins ingénieusement renfermés dans des boîtes d’acajou à étiquettes d’ivoire, sont à la disposition de tous les élèves. Oxford maintenant est un centre artistique grâce au « gradué » qui signa les Modern Painters.

Mais à quoi sert de créer dans les académies quelques échantillons de la Beauté plastique, si le monde entier devient laid, si les hommes de la campagne, abandonnant ces travaux qui développent les muscles et fortifient la carnation, viennent s’entasser dans les villes, et s’y exténuer à diriger des machines, machines eux-mêmes, à gestes mécaniques, agissant sous le doigt de leur patron ? Et à quoi bon réunir dans les musées quelques pâles copies de beaux paysages, quand les plus beaux de tous, les originaux créés par la nature, disparaissent sous les constructions industrielles, les usines, qui tarissent l’herbe sur la terre et répandent leurs noires fumées dans le ciel ? L’amateur, l’esthète se contente de révérer le Beau dans des musées, petites églises où ne viennent, quoi qu’on fasse, que des convertis ; il faut combattre le laid jusque dans la vie et l’ayant proscrit de ses propres rêves, l’expulser de la réalité !