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maison offerte par la municipalité, le Ruskin museum pour les ouvriers.

De même, quand, en 1869, Ruskin est choisi pour occuper la chaire d’art créée par M. Slade, à Oxford, il sent qu’on ne peut utilement parler peinture sans montrer des choses peintes, ni architecture sans produire des exemples de lignes architecturales pour étayer la thèse ou nourrir la discussion. Il ajoute donc à la fondation Slade une école de dessin, et une collection soit d’œuvres originales depuis Tintoret jusqu’à Burne-Jones, qu’on peut copier, soit de spécimens d’après les grands maîtres, dont cent soixante-dix sont de sa main, qu’on peut consulter. Dès 1872, il organise ce musée dans les salles d’Oxford, donnant sur Beaumont Street, et alloue à l’Université 125 000 francs pour l’entretien de cette école et le traitement du professeur qui doit y enseigner. Il s’y dévoue pendant treize ans, entretenant le culte du Beau dans le sanctuaire intellectuel de la Grande-Bretagne, jusqu’au jour où les savants y ayant introduit, malgré lui, la vivisection, il donne sa démission avec éclat. Il ne peut tolérer cette pratique laide, cruelle, inutile pour la science puisque tant de savants s’en sont passés, et pour l’art puisque les sculpteurs grecs n’ont même pas connu l’anatomie. Mais le musée demeure. Quelques étudiants, et beaucoup