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CHAPITRE II

L’action.


Ce contemplatif est un homme d’action. S’il tient une fleur, il a une épée, comme ces pieux chevaliers du moyen âge qu’on voit tout armés, dans les tableaux des Primitifs, adorant la Vierge, extasiés, entre deux batailles. Et ce trait le distingue nettement des critiques d’art ou des poètes lakistes, satisfaits d’ordinaire quand ils ont commenté des Salons, ou célébré la nature, sans aucun souci d’améliorer les uns ou de défendre l’autre. Ruskin eut ce souci. Toutes les fois qu’il a lancé une idée, une brochure, un livre, comme le soldat qui jette de loin un coup de fusil, il est allé en pleine mêlée pour voir ce qu’y devenait son idée, pour la soutenir de sa personne et, si l’on peut ainsi dire, se colleter avec les réalités.

Ainsi, il a écrit qu’il fallait répandre le goût des arts dans les masses. On ne l’a pas écouté. Il se décide donc à donner lui-même des leçons de dessin, le soir, dans une école d’adultes, et pendant