Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au sortir de l’église, on ne les verra pas les uns monter comme aujourd’hui dans le coupé capitonné, plein de fleurs, les autres gravir le rude escalier des mansardes. Non. À chaque « bachelier » et à chaque « rosière » pauvres, l’État donnera un revenu fixe pendant sept ans. À chaque « bachelier » et à chaque « rosière » riches, il retiendra leurs revenus pendant sept ans, sauf une somme égale à celle qu’il servira aux pauvres. De cette façon, riches et pauvres commenceront la route de la vie sous les mêmes auspices : les uns rendus capables de bâtir eux-mêmes pour plus tard le petit édifice de leur fortune, — les autres habitués à une carrière modeste et inclinés par la médiocrité de leur position à chercher leur superflu dans l’exercice d’une profession et leur plaisir dans le travail.

Tout cela est impossible, dira-t-on. Mais Ruskin n’a jamais dit que ce fût possible. Il a seulement dit que c’était indispensable. Il n’a jamais parlé de ces choses que comme on parle d’un tableau pour lequel manqueraient à la fois la toile et les couleurs et ne les a jamais placées ailleurs que dans l’île de Barataria.... Pour remuer le monde, il n’a pas compté sur la raison des hommes, mais sur l’amour,

L’amor che muove il sole e l’altre stelle,