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par les murs, par les cloches, par les costumes, par les armes, et surtout par les fêtes publiques où l’on fera du luxe — mais du luxe pour tous et par tous, — et par les divertissements nationaux.

Une de ces fêtes sera celle des fiançailles. Elle aura lieu deux fois l’an, dans chaque village, au commencement de mai et après la moisson, au moment où le ciel promet et au temps où il a donné. Les autorités y proclameront devant le peuple rassemblé les permissions de mariage, car ne se mariera pas qui veut, mais seulement ceux qui auront atteint une vigoureuse formation physique et morale et cette permission leur sera donnée « comme une attestation nationale que la première partie de leur vie a été bien remplie ». Les jeunes filles y recevront le titre de rosières et les jeunes gens celui de bacheliers et l’on organisera quelque procession joyeuse avec de la musique et des chants. Rien ne se fera impromptu ni au hasard. Quand un jeune homme aimera une jeune fille, il le lui dira, tout uniment, mais sans avoir l’insolence de s’imaginer qu’elle va l’agréer du coup. Mais elle n’aura point non plus la cruauté de le repousser aussitôt. Si elle a peu de goût pour lui, elle le renverra de sa vue sept ans, pendant lesquels il accomplira le vœu de se nourrir de cresson et de se vêtir de toile à sac ou de quelque