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découvert jusqu’ici. Ils avoueraient qu’en développant le progrès industriel, les principes de l’école de Manchester n’ont peut-être pas accru beaucoup la poésie du monde, mais que ce n’était point leur but, et, qu’à coup sûr, ils ont accru sa fortune. Ils diraient enfin que prêcher la croisade contre le capitalisme, parce qu’il permet de faire beaucoup d’usines, de mines et de chemins de fer, c’est en somme lui rendre hommage au point de vue économique, et que prêcher sa destruction, cela revient à prêcher la destruction de tout ce qui fait la richesse des prolétaires, comme des capitalistes, des nations comme des individus.

Et, en effet, étant donnée leur conception de la richesse, les économistes ont raison. Seulement ils n’ont jamais eu même la pensée qu’on pût discuter cette conception. Pas un instant ils n’ont supposé qu’à une époque où l’on remet tout en doute, on doutât aussi que la richesse fût chose si nécessaire ou que l’argent accumulé fût une richesse et que rien d’autre ne le fût. Il est très exact que pour gagner beaucoup d’argent, rien ne vaut le système économique actuel. Les fortunes mondiales qui s’édifient aujourd’hui le prouvent surabondamment. Il est même tout à fait possible — quoi qu’en disent les socialistes — que ce système soit, malgré ses défauts, celui qui procure le plus de