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CHAPITRE III

La vie.

§ 1.


Tel Art, telle vie. Il est entendu que l’Art ne doit reproduire que de beaux corps et que des paysages beaux, c’est-à-dire inviolés. Mais si les hommes ni la Nature ne sont plus beaux ?… Et qu’il ne peut être produit que par des artistes simples, modestes et dévoués. Mais si les artistes ne sont plus simples, ni modestes, ni dévoués ?… Où sont les modèles pour de telles œuvres et surtout où sont les ouvriers ? Où sont les corps qui incarnent la Beauté, et où les âmes qui se sacrifient pour elle ? Où, les grandes idées communes, les solennités heureuses de la vie nationale qui fournissent des occasions d’œuvres jaillies du cœur d’un peuple, comme autrefois les cathédrales ? Où, surtout, les liens de solidarité esthétique qui feront qu’une foule d’artistes et d’ouvriers oublieront les différences de leurs conditions pour s’entr’aider à les accomplir ? On voit tout de suite